Toulouse, ville du Sud-Ouest de la France, est connue pour son centre-ville historique particulièrement préservé. Malgré une volonté de maintenir cette dimension patrimoniale, la ville rose a su entretenir le dynamisme commercial de son centre-ville lui permettant aujourd'hui de se classer 3ème au rang des centre-villes français les plus dynamiques. Pour concilier ces deux aspects, Toulouse s'est concentrée sur deux formes d'actions : l'entretien et la modernisation du mobilier urbain ainsi que la réhabilitation des bâtiments historiques et la diversification de leurs commerces. Le carrefour de la rue Alsace Lorraine et de la rue Rémusat en est un exemple typique.
1. Carte postale collection Ville et Village 1915, Toulouse Rues Alsace et de Rémusat, archive de Jean CAZALY à Germaine CAZALY née VILLARET le 12/11/1915, Toulouse - De Jean CAZALY à Germaine CAZALY née VILLARET le 12/11/1915 - Carte postale ancienne et vue d'Hier et Aujourd'hui - Geneanet
2. Photographie, CARPEL HEYSCH DE LA BORDE Nour, le 01/03/2022, 17h35 , Toulouse, Carrefour Rues Alsace et de Rémusat
Ce territoire a connu des évolutions paysagères entre 1915 (photographie 1) et 2022 (photographie 2) qui se déclinent en plusieurs épisodes de rénovation au cours du siècle. Parmi eux on notera un grand projet qui débute en 2007 avec une phase expérimentale suite à l’ouverture de la ligne B du métro et qui se confirme entre 2010 et 2012 (Mairie de Toulouse, La fabrique urbaine, Le Grand Toulouse, 2010). Ce projet est synonyme d'une modification du mobilier urbain. Elle se caractérise par un pavage plus sombre et plus large qu’en 1915, des lampadaires dans un style plus contemporain et surtout plus grand mais aussi plus nombreux, résultat des travaux du projet de Bruno Fortier (2010-2012) qui a voulu axer son travail sur la lumière de cette artère toulousaine (La tribune Occitanie, 2009). Cependant, le "manège des chevaux de bois" du XVIIIème siècle, vient quant à lui encombrer l’ouverture de la rue Alsace Lorraine et réduisant l'entrée de lumière.
On remarque que l’ensemble du bâti s'est maintenu entre la photographie 1 et la photographie 2. Le paysage est principalement structuré par deux bâtiments. Le premier, que l’on retrouve à gauche, est un immeuble dans le style haussmannien construit dans les années 1870 (Canu, R. & Cochoy, F. 2012) sur lequel on trouve déjà une activité commerciale en 1915 (photographie 1) qui s’est pérennisée. Aujourd’hui, l’occupation de ce rez-de-chaussée est faite par l’enseigne Snipes. Le reste de l'immeuble est dédié à une fonction d’habitation. Le bâtiment que l’on retrouve à droite est construit à destination d’un usage commercial pour répondre aux nouvelles consommations de la révolution commerciale des années 1900 (S. Bendicho Carrer, 2015). Il répond à la commande de la maison Paris-France pour la construction du magasin “Au Capitole” des Dames de France. Il est pensé par l’architecte George Debrie qui, dans un style post-haussmannien, utilise l’architecture métallique (architecture ferroviaire) permettant de créer de grands espaces et apporter plus de luminosité, ici mobilisée pour le hall du magasin et sa coupole. Si le style haussmannien se retrouve dans ce bâtiment édifié en 1903-1904, celui-ci est teinté d’expression d’Art nouveau. Au cours du temps, l’occupation de cet édifice a changé : de 1905 à 1984 (photographie 1) il était occupé par la maison Paris-France avec le magasin “Au Capitole” des Dames de France. En 1985, c’est la maison Lafayette qui l’occupe, et ce jusqu’en 2013 (Sébastien Marti, 2013). De 2013 à 2015 le magasin est inoccupé, puis c’est l’enseigne Primark qui le rachète mais il n'ouvrira ses portes qu’en octobre 2018. En effet, le caractère historique de ce bâtiment nécessite un entretien et une rénovation importante avant l’installation de la chaîne textile (S. Roux, 2013). Aujourd’hui, c’est cette grande enseigne que l’on peut observer sur la photographie 2. On peut donc parler de pérennité du bâti de notre sujet d’étude qui apparaît comme figé dans le temps et n’ayant subi que rénovations et entretiens.
Il paraît tout de même important de noter que l'arrivée de cette chaîne de prêt-à-porter caractérisée par son faible coût a engendré une modification de la fréquentation de ce bâtiment, en passant d’une classe économique supérieure et moyenne à une mixité plus importante accueillant notamment des classes économiques plus basses. L'arrivée de Primark participe donc à la démocratisation des centres villes français. Elle participe à la diversification de la population historique des commerces de ce carrefour toulousain, tout en traduisant aussi l’évolution majeure des modes de consommation au cours du XXème/début XXIème siècle (S. Bendicho Carrer, 2015).
Sitographie
- VINCI, entreprise missionnée pour la réhabilitation du grand magasin, Bâtiment historique pour Primark à Toulouse (26/12/2017) - Actualités - Médias [VINCI]
- Blog architectes Toulouse, Sandrine Bendicho Carrer - Architecte Historienne de l'Art: La fin du Grand Magasin d'Emile Zola à Toulouse | Les secrets de Toulouse (scah-architecte-toulouse.blogspot.com)
Bibliographie
- Canu, R. & Cochoy, F. (2012). Places et déplacements : une archéologie statistique de la logistique piétonne (Toulouse, XXe-XXIe siècles). Flux, 88, 19-33. https://doi.org/10.3917/flux.088.0019:
- Mairie de Toulouse, La fabrique urbaine, Le Grand Toulouse, Alsace Lorraine 2012, info n°01 / février 2010:
- 05/11/2009, Bruno Fortier réalisera l'aménagement de la rue Alsace Lorraine à Toulouse, La tribune Occitanie - Toulouse:
- Sylvie Roux, 07/07/2013, Toulouse. Une page se tourne au «Capitole» avec la fermeture de Lafayette Maison, La Dépêche du Midi:
- Sébastien Marti, 25/04/2013 Toulouse. Lafayette Maison : c'est bientôt fini, La Dépêche du Midi:
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